La créativité est définie comme une capacité, la faculté d’invention, d’imagination. C’est un terme récent (utilisation à partir des années 1970). On lui attribue comme synonyme l’inventivité ou l’innovation.
C’est souvent un processus mental, visant à associer des choses, des idées, des situations dans le but de répondre à un questionnement, de produire un résultat, ou parfois sans aucun objectif pour les personnes qui en débordent.
La créativité au quotidien
Vous pensez peut-être que la créativité est réservée aux artistes, aux chercheurs, aux enfants ? L’utilisation du terme « les créatifs », pour désigner (souvent) les personnes travaillant dans le design, nous incite à penser qu’il y a des gens créatifs, et d’autres qui ne le sont pas.
Et pourtant, les processus créatifs font partie de notre quotidien. Dès que vous cherchez une solution à un problème, vous faites marcher votre créativité : remplacer un ingrédient dans une recette, réparer à la va-vite un bidule (oui, même avec du Scotch), chercher le meilleur angle pour prendre une photo du chat. Mais la créativité ne demande pas forcément un résultat, elle peut aussi se manifester de manière abstraite, dans vos pensées, quand vous imaginez un décor dans un livre, la suite de l’épisode 853 de votre série préférée, la manière dont vous organiserez votre futur dressing. Au delà des situations communes, la créativité (et le partage de celle-ci) a surement été d’une grande aide pour la survie de l’espèce humaine. C’est ce qu’on appelle une compétence transversale : elle est utile dans beaucoup de domaine et tout au long de la vie.
La créativité chez le jeune enfant
C’est bien connu, les enfants débordent de créativité. Ils peuvent imaginer des grands périples à base de cartons et de papier. Et pour cause, la créativité est une capacité innée. Il n’existe personne « non créatif ». En revanche, la créativité pourra être travaillée à l’aide de stimulations afin de la développer. Les enfants les plus imaginatifs et les plus enclins à simuler des émotions au cours d’un jeu sont en général de meilleurs « penseurs divergents », renforçant également la pensée critique. Dans ce contexte, les recherches en neurosciences ont montré qu’une intervention extérieure dans le jeu de l’enfant (par un autre enfant, par un adulte) peut stimuler significativement le développement de leur imagination, aussi courte que puisse être l’intervention.
Le développement de la créativité chez le jeune enfant est mis au centre de l'action éducative. Elle est en effet recommandée par le ministère de la culture ainsi que par l'éducation nationale. Le développement de la pensée créative est d'ailleurs fortement encouragée à l'école maternelle, laissant des espaces et des temps de jeux libres pour les enfants, en dehors des périodes de récréations. Il a été montré que ces jeux libres favorisent également la création des liens sociaux entre enfants et adultes et donc une meilleure entente globale en classe.
Il eut une période pour laquelle les professionnels de la petite enfance ce sont sentis obligés de développer toutes sortes d'activités encadrées pour occuper les enfants. Aujourd'hui, la place du jeu libre est de moins en moins remise en question, tant ses bénéfices sont de mieux en mieux étudiés et donc connus.
La créativité chez les séniors
Chez les séniors, les processus créatifs peuvent permettre une meilleure condition de vie, par exemple, en stimulant la mémoire et les fonctions motrices. La création apporte alors une grande source de satisfaction, réduit l’anxiété et augmente la confiance en soi. Sans parler uniquement de « faire », l'imagination à elle-seule permet déjà d'améliorer les fonctions de la mémoire.
La créativité dans le domaine éducatif et professionnel
En France, la créativité occupe une place limitée dans la politique éducative, elle est souvent relayée au second plan, dans les disciplines artistiques par exemple. Cette position contraste avec celle de nos voisins (notamment anglais et allemand), qui réserve une place de choix à la créativité dès l’enseignement de maternelle et au moins jusqu’au lycée. Les chercheurs ont tendance à croire que cela va également évoluer en France dans les prochaines années lorsque l’on observe les parcours pédagogiques des enseignants beaucoup plus centré sur l’élève que sur le programme scolaire. Comme chaque enfant est différent, sa manière d’apprendre, et sa manière de résoudre des problèmes vont différer de ses camarades. Ainsi, une pédagogie centrée sur l’élève va permettre à celui-ci d’exprimer de mieux en mieux son potentiel créatif, puisqu’on ne lui demandera plus de « rentrer dans des cases ». Cette modification du système éducatif est très certainement induite par une modification des systèmes professionnels; où la créativité devient une compétence reconnue et recherchée.
La créativité comme thérapie
Les processus créatifs ont une grande importance dans la santé mentale. L’expression personnelle et la créativité sont des besoins humains fondamentaux. Pouvoir combler ces besoins participe à la bonne santé mentale des humains (enfants et adultes). Même sans parler d’aider à la guérison de terribles chocs post-traumatiques, de dépressions sévères, de se sentir mieux dans des épisodes de maladie, la créativité étale un baume apaisant sur les petits maux du quotidien : elle nous permet de nous évader ! Le lien entre motivation intrinsèque, centrale dans processus créatifs, et le bien-être, a été mis en avant par la théorie de l’autodétermination.
La créativité sociale
La créativité sociale est définie comme « la capacité de développement des individus, des groupes, des réseaux et des mouvements sociaux nous permet de former et de construire des styles de vie qui, soutenus par ce nouveau paradigme, se concrétiseront en processus transformateurs et réversifs de l’actuel processus de globalisation du système monde capitaliste. »
En d’autres termes, le monde actuel souffre de beaucoup de maux (écologie, économie, inégalités sociales … on en passe pour garder le moral !), et la créativité sociale permet ces petits changements, d’abord locaux, qui guérissent (ou au moins essayent) le monde. On assiste alors à des renforcements sociaux (que les politiques appellent aussi la « cohésion territoriale »), dont les bénéfices ne sont pas moindres. Au niveau local, des expériences/initiatives ont démontrés une baisse de l’absentéisme scolaire, moins de périodes de chômage, meilleures informations et éducation dans le domaine de la santé, meilleures conditions de vie des personnes seules ou âgées, et pour les familles monoparentales, amélioration du logement, moins de conflit relationnel et de coexistence (entre générations ou ethnies), une meilleure utilisation de l’espace public, et une égalité des chance renforcée. Nous pourrions donc imaginer que ce serait les forces créatives qui vont changer le monde !
Cela donne matière à réflexion, non ? Si toi aussi tu veux changer ton monde intérieur, et le monde extérieur, participe à l’enquête sur l’atelier partagé en cliquant ici.
N’hésite pas à faire participer tes amis, ta famille … plus on est de fous, plus on est créatif.
Allez, un petit sondage pour finir. Comment vous définissez votre créativité ?
à vous ...
Débordante
Normale
Modeste
Sources
Cook, A., Spinazzola, J., Ford, J., Lanktree, C., Blaustein, M., Cloitre, M., … & Van Der Kolk, B. (2005). Complex trauma in children and adolescents. Psychiatric annals, 35(5), 390. https://complextrauma.org/wp-content/uploads/2019/01/Complex-Trauma-1-Joseph-Spinazzola.pdf
Dirani, A. (2017). Créativité, insertion professionnelle et parcours de formation: une étude empirique des inégalités de créativité, de leurs effets et leur construction (Doctoral dissertation, Bourgogne Franche-Comté). https://www.theses.fr/2017UBFCH007
Ryan, R. M., & Deci, E. L. (2002). Overview of self-determination theory: An organismic dialectical perspective. Handbook of self-determination research, 2, 3-33. https://psycnet.apa.org/record/2002-01702-001
Deci, E. L., & Ryan, R. M. (2002). Self-determination research: Reflections and future directions. https://psycnet.apa.org/record/2002-01702-019
Audigier, F., Tutiaux-Guillon, N., & Perrenoud, P. (Éd.). (2008). Compétences et contenus: les curriculums en questions. Bruxelles: De Boeck. https://journals.openedition.org/ries/547
Llobet Estany, M. (2007). La créativité sociale comme stratégie pour renforcer la perspective communautaire. Pensée plurielle, 15, 57-65. https://www.cairn.info/revue-pensee-plurielle-2007-2-page-57.htm?try_download=1 ou https://doi.org/10.3917/pp.015.0057
L'Éveil artistique et culturel des jeunes enfants https://www.culture.gouv.fr/Thematiques/Education-artistique-et-culturelle/L-Eveil-artistique-et-culturel-des-jeunes-enfants
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